Il suffit d'un événement pour changer une vie

« Les jours coulent et s'écoulent mais n'ont pour moi, désormais, plus aucunes saveurs. Si autrefois, j'avais conscience du changement que proposent les saisons ou encore du changement temporel, le soleil cédant sa place à sa soeur la lune etc, aujourd'hui, je vis sans plus faire attention à la flagrance des fleurs ou encore à la chaleur d'un rayon doré. J'aurais aimé que tu prennes conscience que de toi, tout dépendait, mais visiblement, j'étais seule à croire en une histoire qui n'existerait jamais. »

C'est une goutte de pluie qui salua une naissance que mes parents étaient fiers de voir enfin. Après avoir essayé pendant des années d'avoir un enfant suite à sa fausse couche, Cerise Ambrosi avait désespéré voir abandonné l'idée d'être un jour mère, de porter en son sein le fruit d'un amour qui avait survécu aux affres du temps. Visiblement, l'ébène de l'ange finit par lui ouvrir les yeux, ce matin dans sa chambre d'hôpital, et alors que l'arc en ciel s'étendait sur l'horizon de la petite bourgade où elle vivait avec son mari, une larme glissa sur son épiderme nacrée avant de s'éclater sur la joue de cet enfant qui allait changer son existence. Et ce n'était pas peu dire puisque son mari, haut dignitaire du monde magique, décida de quitter son travail quelques mois plus tard, afin de profiter de cette petite fille dont les prunelles illuminées leur offraient des jours de joie inespérés. Pour ce minois, et cet ange qu'on lui avait enfin accordé, ils sourirent et demeurèrent unis, impatient que la jeune fille grandisse pour voir les merveilles d'un monde qui pourtant sombrait. Mais le père était un fervent admirateur de Voldemort et sa famille ne fut ainsi jamais touché... Ce qu'il pensait tout du moins longtemps.

Je ne saurais que plus tard à quel point elle m'avait aimé encore trop jeune pour comprendre ce que le regard de ma mère pouvait signifier. Les années, je ne les vis pas s'étendre puis disparaître, même si mon miroir me renvoyait souvent une image tout à fait différente de celle d'hier. Les boucles brunes encadrant mon visage étaient de plus en plus nombreuses, plus longues, mes yeux miroitaient tandis que mes prunelles s'agrandissaient sur mon visage d'enfant. Ma mère me prédisait une carrière de mannequin ou de star, sous entendant que personne ne pouvait être plus jolie que moi. Personnellement, je m'en moquais légèrement, aimant à porter des survêtements et à me conduire comme un garçon. J'aimais le sport comme le beach volley ou encore la natation, pratiquant régulièrement le quiddich également. J'étais une jeune fille que tous mes amis qualifiaient de « feu follet » Jusqu'à ma Best friend qui me regardaient souvent en riant tout en frappant sur mon épaule, sous entendant que l'on ne me changerait jamais. Mais elle se trompait. Dans tous les contes, le vilain petit canard finit par devenir un cygne, et même si je repoussais cette éventualité de plus en plus, elle était une image de mon futur. Quand ma mère me souligna un soir une nouvelle fois combien j'étais belle, j'eus un sursaut de rébellion qui me conduisit à tout couper. Les cheveux courts mettaient en valeur mon visage aux pommettes hautes et au regard franc, où luisait dangereuse, la flamme d'un caractère indomptable. J'étais de ces filles à la grande gueule et à la fierté innommable et surtout je détestais perdre ne serait-ce qu'un jeu. Je devais être la meilleure partout, ce qui expliquait mes excellents bulletins scolaires, mes médailles et autres dans les sports où je me donnais la tête. Il est toujours difficile dans l'entourage de supporter le feu quand on est éprit de calme, mais l'opinion des autres m'avaient toujours peu importer. J'aimais être libre, un phoenix qui battaient des ailes dans un ciel même orageux, plutôt que douillettement installé dans un cage d'or au milieu d'un salon vide de toute décoration.

Si simplement j'avais su où cette personnalité me menait ....

J'ai toujours été protégée de la décadence du monde magique après en avoir appris l'existence. Seule parfois je m'exerçais dans ma chambre, m'amusant avec cette baguette qu'on m'avait procuré. Que mon père soit un mangemort nous avait toujours tenu à l'écart des sombres années touchant le monde mais il faut croire que cette réalité nous rattraperait. Et ce, par ma faute. C'était un garçon au regard azur, la beauté de ses prunelles m'avait transcendé lors de notre rencontre. Je n'avais que neuf ans mais ses yeux m'avaient tout de suite réellement envoûtée. Je n'avais pas été la seule et nous vécûmes une histoire d'amour assez simple, assez belle. Je l'aimais vraiment du haut de ce jeune page où pourtant ce terme ne signifiait rien. J'ignorais cependant qu'il était un sang de bourbe, un sang mêlé et qu'il était de ce fait condamné. Les choses se déroulèrent très vite et quand je compris qu'il avait disparut, je ne vis que l'inéluctable. Je n'avais même pas su lui dire au revoir alors que je piquais un véritable scandale qui offensa ces gens qui pour me punir voulurent utiliser un sort apparemment puissant sur moi. Ma mère s'interposa. Mais elle était fragile et n'y résista pas. Mon père ne dit rien, se taisant sur la mort de sa femme, s'excusant pour moi. Je fus obligée d'en faire autant bien que les larmes brouillaient mes paroles. J'avais perdus deux des êtres qui comptaient le plus pour moi dans la même journée. Si bien que mon tempérament et caractère se métamorphosa complétement. Me repliant sur moi même, je devins une véritable peste centrée sur elle même, parlant peu si ce n'est pour rabaisser et exigeant plutôt que de demander. Je m'en foutais. Je m'en fichais. Cette sournoise tendance à faire des gens ce que je voulais conduisis le choixpeau à mon entrée à Poudlard à m'envoyer chez les Serpentard. Je ne me suis donc jamais préoccupé de savoir ce que devenait le monde magique, de savoir que ce monde sombrait dans la déchéance. Je me fichais de savoir que des gens mourraient. Je ne m'occupais que de mes cours, mon vernis, mes intérêts. Et je suis heureuse ainsi depuis, ne m'attachant que rarement et après un long moment. Seule au moins, je ne pourrais plus souffrir et pleurer de nouveau. Jamais plus je ne pleurerais. Jamais plus je ne souffrirais, préférant être cette princesse de glace intouchable.